Rome, 1610. Sur son lit de mort, Michelangelo Merisi, dit le Caravage, se souvient de son art, et de la vie de débauche et de violence qui l’a inspiré.
La séance sera suivie d'une discussion en présence de Itay Sapir, professeur au département d’histoire de l’art à l’UQAM.
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« Les villes comme les rêves sont faites de désirs et de peurs. » - Italo Calvino, Les villes invisibles (1972)
Une longue histoire d’amour unit Rome avec le cinéma.
Avec Paris et New York, la capitale italienne constitue sans aucun doute l’une des villes les plus filmées de l’histoire du cinéma, servie par des réalisateurs italiens, mais aussi étrangers, en quête d’une architecture grandiose, voire d’un décor de carte postale. Insouciance et romantisme ont longtemps traversé la majesté romaine.
L’histoire de Rome, en revanche, est moins légère, car c’est celle du pouvoir, de l’ambition et de la vengeance. À l’ombre des arts et des monuments, les couteaux s’affutent, alors qu’on ourdit des complots. Au XIXe siècle, l’opéra italien n’a pas dit autre chose ; au XXe siècle, le cinéma historique se nourrit des mêmes drames.
Au départ, c’est sans doute le péplum qui raconte l’histoire romaine avec le plus d’éclat ; à coup sûr, c’est le genre qui a passionné et nourri l’imaginaire des producteurs et des spectateurs des années 1950 et 1960. Mais il faut ensuite se plonger dans l’extraordinaire créativité du cinéma italien, où on ne compte plus les cinéastes de génie et les chefs-d’œuvres du cinéma mondial, pour découvrir des films historiques puissants, habiles, combatifs et polémiques, notamment lorsqu’ils sont construits autour d’événements ou de contextes très ciblés.
Conçue en collaboration avec l’Instituto Italiano di Cultura di Montreal, cette programmation propose de traverser l’histoire en choisissant Rome pour ligne directrice, depuis les sommets de l’Empire sous l’Antiquité, jusqu’aux violences politiques des Années de plomb (1968-1982). C’est ainsi que nous serons tantôt portés par des narrations réalistes, nées d’une observation minutieuse du quotidien ; ou étonnés par des structures éclatées qui jonglent, devant le spectateur, entre sobriété et outrance, entre vraisemblance et fiction… alors qu’à Rome, face à l’histoire, l’outrance se trouve souvent du côté de la vraisemblance.