La Madeleine pénitente

La première moitié du dix-huitième siècle est marquée par des réalisations hors du commun par des peintres vénitiens; Venise surpasse alors tous les autres foyers artistiques de l’Italie. L’œuvre protéiforme de Piazzetta lui vaut d’occuper une place de premier plan dans ce renouveau artistique. Peintre et dessinateur accompli, aquafortiste, illustrateur et enseignant, Piazzetta est le premier à occuper le poste de directeur de l’Académie de Venise en 1750. Formé à Venise puis à Bologne, il subit l'influence des « tenebrosi » qui privilégient les tonalités sombres et le jeu dramatique des lumières et des ombres. De retour à Venise en 1705, Piazzetta produit des tableaux aux clairs-obscurs heurtés et au raccourci saisissant des figures. Il livre des compositions aux lignes brisées et des sujets religieux exécutés dans des tonalités contrastées de rouges brique et de bruns. Son style allie le réalisme du dix-septième siècle et ombres audacieuses à une délicatesse et un rendu atmosphérique des formes typiques des peintres vénitiens. Sa résidence devient une académie ouverte que fréquentent d’autres artistes, y compris le jeune Tiepolo : son influence est profonde sur l’art vénitien.


Cette Madeleine pénitente est un très bel exemple des tableaux exécutés vers 1720. C’est aussi un rare témoignage de son interprétation réfléchie des sources de la Renaissance de l'Italie du Nord s’accordant avec la sensualité de sa manière ténébreuse. Cette composition emprunte à La Madeleine pénitente lisant, un tableau célèbre mais désormais perdu de Corrège.