Allison Katz

Le personnage de Gradiva, qui apparaît dans cinq des tableaux présentés, nous guide dans cette aventure*. À la fois muse et figure créatrice, elle est le fil conducteur de l’exposition. Gradiva, « celle qui marche », est le nom donné par un archéologue à un bas-relief romain représentant une marcheuse dans la nouvelle éponyme publiée en 1903 par Wilhelm Jensen. Dans le récit, l’image de l’inconnue obsède l’archéologue, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que sa démarche lui rappelle celle d’une amie d’enfance. L’histoire a grandement inspiré Sigmund Freud, puis les surréalistes, qui y ont vu l’exemple même du pouvoir de la création : celui de canaliser, de sublimer et, enfin, de libérer les sentiments profonds qui animent le cœur humain.

Si, pour Freud, la psychologie s’apparente à l’archéologie par la mise au jour de l’étagement complexe des différentes couches de la psyché, Katz considère que la peinture opère également un renversement de ce processus. La surface picturale peut ainsi révéler autant de significations qu’elle n’en cache. L’artiste ajoute d’ailleurs du sable et du riz à ses toiles pour leur conférer une dimension tactile. Elle accentue ainsi l’idée de stratification, à la fois concrète et métaphorique, qui sous-tend sa démarche.

Inspirée par Gradiva, personnage capable de transcender le temps et l’espace, Katz incite le public à franchir de nouveaux seuils et à explorer les territoires, fictions et rêves qui composent la cartographie du « soi ».

* L’une des œuvres consacrées à Gradiva sera présentée à l’extérieur de la salle d’exposition, dans une autre partie du Musée.