Un grain

Boudin livre au marchand Paul Durand-Ruel une série de tableaux pour l’exposition qui se tient dans sa galerie en 1889. La liste des œuvres est répertoriée dans les carnets de compte de l’artiste. Sous le numéro 6, Boudin note « un Grain, Étude pour le Salon de 1886 ». Il s’agit de cette esquisse, datée de 1885, préparatoire au tableau du Salon (aujourd’hui au musée de Morlaix, France), acquise par Durand-Ruel. Ici, un orage aux vents violents et soudains illustre le combat de l’homme face aux forces de la nature. Boudin révèle son sens de l’harmonie et la maîtrise d’un sujet somme toute banal. L’artiste traite les effets de lumière et d’atmosphère qui ont fait sa réputation par une multitude de touches claires et vives. La crête écumeuse des vagues répond au triangle des voiles du premier plan, tandis que quelques taches de couleurs soigneusement distribuées – le rouge du pavillon, le bleu de l’étrave, le blanc des goélands – animent les valeurs sourdes des gris, bleus et verts. On comprend la leçon aux impressionnistes, à Monet qui le considérait comme son maître.