Avec près d’une centaine de portraits de gens ordinaires et de personnalités publiques – Chet Baker, Samuel Beckett, Toni Morrison, Truman Capote, Duke Ellington, Patti Smith, Jean Renoir, et tant d’autres – Immortel présente un aspect fascinant de l’œuvre d’un des plus célèbres photographes du 20e siècle : le vieillissement.
Durant près de cinquante ans, le photographe de mode et portraitiste étatsunien Richard Avedon a cherché à immortaliser le passage du temps sur le visage de ses modèles : des artistes, des auteurs et autrices, des personnalités politiques et du monde du cinéma, mais aussi des gens ordinaires, comme dans sa série la plus connue, intitulée « In the American West » [Dans l’Ouest américain].
Ces portraits, qu’il voyait comme un défi lancé au temps qui passe, mettent en lumière l’expérience universelle du vieillissement et témoignent de notre résilience face à la perspective de notre mort. Peu d’artistes ont traité ce sujet avec autant d’audace qu’Avedon, qui s’y est intéressé toute sa carrière en sa qualité de photographe portraitiste le plus influent des États-Unis.
Richard Avedon (1923-2004), Marcel Duchamp, artiste, New York, 31 janvier 1958, épreuve à la gélatine argentique, 25,9 x 20,3 cm. Courtesy of Center for Creative Photography, Tucson, Arizona. Richard Avedon Archive, gift of the artist. © The Richard Avedon Foundation
À l’époque où Avedon commence à travailler pour le prestigieux magazine de mode Harper’s Bazaar, on attend des photographes qu’ils représentent les personnalités publiques sous leur meilleur jour, au moyen de poses ou d’angles flatteurs, d’une lumière réfléchie ou diffuse et de filtres qui adoucissent les traits; les photos sont ensuite retouchées afin d’unifier l’apparence de la peau. Avedon, lui, n’hésite pas à transgresser ces principes en soulignant les petits défauts, les rides, les pattes d’oie, les plis et les taches de vieillesse – les marques extérieures de ce qu’il décrira comme « l’avalanche du temps » qui déferle sur les visages et les corps.
En comparaison de ceux de ses prédécesseurs, dont Edward Steichen, et de ses pairs, dont Irving Penn, les portraits d’Avedon choquent en raison de l’âge manifeste des sujets. L’artiste représente pourtant ses modèles avec une profonde empathie. Il les respecte pour les épreuves qu’ils ont traversées, les combats qu’ils ont menés, les leçons qu’ils ont apprises au fil du temps et le courage dont ils font preuve pour continuer d’avancer.
Richard Avedon (1923-2004), William Casby, né esclave, Algiers (Louisiane), 24 mars 1963, épreuve à la gélatine argentique, 135,3 x 107,9 cm. © The Richard Avedon Foundation
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Photo Thibault Carron
Crédits et commissariat
Une exposition organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal et The Image Centre, Toronto Metropolitan University.
Le commissariat est assuré par Paul Roth, directeur, The Image Centre. Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef et titulaire de la Chaire Zhao-Ionescu, MBAM, est responsable de la présentation montréalaise.
Le MBAM remercie Florence Minz pour sa généreuse contribution.











