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Restauration des cadres

Rencontre officielle
Crédit

Bien-aimé mal-aimé des collections muséales, le cadre suit l’évolution des modes, des styles et de la muséologie. Il porte la marque de l’évolution de l’économie, de la société, de la politique, de la religion et du design. En attirant le regard et la lumière, il s’attire aussi admiration et accolades.

Le cadre est le protecteur de l’œuvre qui l’habite, subissant inévitablement les dommages causés par les manipulations ou les transports hasardeux. Mais il est toujours, d’abord et avant tout, celui qui met l’art en valeur.

Au Musée, nous cherchons à contextualiser l’œuvre dans son époque. Le cadre qui l’honore nous sert de référence. Pour arriver à créer ou à recréer un contexte historique donné, trois avenues s’offrent à nous : la restauration de cadres historiques, la copie de cadres d’origine ou le recyclage de cadres délaissés (recoupe, finition). Le choix entre ces options dépendra du budget, des échéanciers et des moulures ou des cadres en réserve.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Portrait en buste de Napoléon

Sacha Marie Levay, technicienne à la restauration, responsable des encadrements pour les peintures
Dans le cadre du Portrait en buste de Napoléon en grand habillement, par Atelier de François-Pascal-Simon Gérard

Pour asseoir son influence, Napoléon offrait des portraits à son effigie à ses représentants. Les portraits en habit de cérémonie étaient mis en valeur par des cadres de bois dorés, somptueusement décorés de symboles typiques du style Empire : abeilles, feuilles de laurier, fleurs de chèvrefeuille, de lotus ou de lys. Couronné d’un aigle imposant qui surplombe le spectateur, le cadre de notre œuvre affirme l’importance de l’illustre personnage dans l’Empire.

Pour l’exposition Napoléon : art et vie de cour au palais impérial (2018), le cadre devait retrouver son aspect original. En effet, depuis sa création au début du 19e siècle, plusieurs générations d’interventions plus ou moins réussies avaient entraîné la perte de son lustre et, en conséquence, de sa mission grandiloquente.

En vue du traitement, un examen préliminaire par sondages nous a permis de déceler plus d’une dizaine de strates de matières accumulées (peinture, laques, bronzine, gesso, bol d’Arménie et quelques couches de dorure) pour constater qu’à l’origine, la surface était caractérisée par un jeu de brillances variées. L’effet était créé par la juxtaposition de dorure à la mixtion (perles, rais de cœur et cavet renversé) et de dorure à l’eau avec brunissage (tors de laurier, aigle, ornements floraux, abeilles et surfaces planes). La campagne de restauration, qui a monopolisé plus de trois mois de travail, nous a permis de nettoyer, de lisser et de dégager les surfaces encombrées pour recréer une dorure satisfaisante, plus respectueuse des reliefs sculptés et de la complexité de la dorure d’époque.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Les couches successives de restaurations (plus ou moins réussies) ont effacé la finesse de la surface et les ornements.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Les ornements ont été grattés et dégrossis, et les surfaces planes ont été lissées. On peut voir, en blanc, le gesso (préparation de surface avant la dorure).

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Les surfaces retravaillées ont ensuite été recouvertes d’assiette (argile colorée et colle de peau de lapin).

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

La dorure à la feuille a été appliquée sur les surfaces préparées, sur une mixtion par endroits, et à l’eau ailleurs.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

La nouvelle feuille d’or, très brillante, a été matée et teintée pour lui donner un aspect plus historique.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

La finesse du plumage souffre d’un manque de définition causé par les couches de matières cumulées au fil des diverses interventions.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Les pattes de l’aigle avant que l’accumulation de matière ne soit enlevée.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Un détail des pattes montre le raffinement qui apparaît (à droite) après l’enlèvement de la matière excessive (à gauche).

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Le grattage et le nettoyage des couches excessives dévoilent une sculpture plus délicate et nuancée.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Les lacunes ont été comblées et préparées avec une nouvelle couche d’assiette.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Une nouvelle couche de feuille d’or est appliquée sur les zones préparées. L’or nouvellement appliqué est très éclatant.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Une légère usure et une patine délicate assurent l’intégration du nouveau fini au fini d’origine, qui a vieilli naturellement.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Détail de la surface après le travail de réintégration.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

L’aigle après le traitement complété.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Le tour en creux a dû être raffiné lui aussi pour améliorer la lisibilité des ornements. Ici, la surface ainsi préparée a été recouverte d’assiette pour recevoir ensuite la feuille d’or.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Une abeille lors de la redorure.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Des abeilles avant et après la redorure.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

La surface du tors avec sa réintégration par la patine.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Une superposition d’interventions laisse deviner quatre (trois si on exclut la couche d’or d’origine) interventions successives de plus ou moins bonne qualité. Ici, on constate l’effet grossier du cumul sur la netteté des rais de cœur.

Portrait en buste de Napoléon en grand habillement

Au-dessus de la dorure d’origine se trouvaient, dans un ordre chronologique, les couches suivantes : une seconde couche de feuille d’or appliquée à la mixtion, puis gomme laque, patine, peinture ocre rouge (de nature indéterminée), bronzine (poudre de bronze liée à de l’huile de lin), gesso, bol d’Arménie, gomme laque, nouvelle feuille d’or appliquée à la mixtion, et patine.

Rencontre officielle

Ce cadre chinois de style Chippendale a été créé au 18e siècle, au temps de George III, pour le marché florissant de collectionneurs anglais de classe moyenne. Ces derniers raffolaient autant de ce style de cadre, prisé par les aristocrates, que de l’art chinois en vogue. Répondant à une demande croissante pour des imitations peu coûteuses de produits de luxe, les artisans chinois travaillaient rapidement et avec des matériaux abordables.

Le cadre qui entoure notre miroir était en assez bon état à l’acquisition, mais sa stabilité était compromise par une fissure large et profonde qui traversait la partie supérieure sur presque toute sa longueur. Malgré une restauration ancienne, la fente restait très apparente et fragilisait la structure. En outre, des surplus de colle luisante débordaient des lignes de joint, nuisant à la lecture d’une surface majoritairement délicate et saine. Ayant repéré d’autres lacunes dans le support (pertes d’ornements et décollements d’assemblages), nous devions consolider les régions fragilisées, assurer l’intégrité des ornements et harmoniser les surfaces en vue de l’exposition de l’œuvre.

Les visiteurs peuvent maintenant admirer le miroir peint et son cadre restauré dans les galeries d’art asiatique de l’aile Stéphan Crétier et Stéphany Maillery consacrée aux arts du Tout-Monde.

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De longues et profondes fissures traversent presque entièrement le haut. Par le passé, elles avaient été consolidées avec de l’araldite. La colle débordait des fissures, recouvrant la dorure d’une matière luisante et épaisse.

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L’ancien consolidant a été enlevé, remplacé par des insertions de bois et des injections de colle acrylique.

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Suivant les réparations, la surface des fissures a été comblée avec de la cire colorée de pigments, puis dorée à la feuille.

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Les assemblages de bois se décollaient par endroits, affaiblis par les manipulations et les mouvements du cadre.

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Du consolidant a été injecté dans les ouvertures. Celles-ci ont été maintenues avec des serres pour assurer la solidité.

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La fissure redorée et patinée.

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Un autre exemple de renfort et de comblement d’une fissure importante par insertion de bois et injection de colle.

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Le comblement doré à la feuille et patiné

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On voit ici le bouchage à la cire colorée, imitant le bol d’Arménie d’origine.

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Le bouchage est doré à la feuille. Cette dernière est teintée pour s’harmoniser avec l’ensemble.

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La fissure du haut traversait le bois sur son épaisseur et devait être renforcée. Des insertions de bois et une pâte de bois ont permis la solidification de la structure.

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Dans le but de renforcer les joints, des bandes de toile de lin ont été encollées avec de la colle naturelle et fixées sur les zones comblées de bois.

Rencontre officielle

Une assiette (colle animale et argile) a été appliquée sur les interventions pour intégrer le traitement à l’ensemble.

Quelques exemples d’œuvres restaurées

Colloque - Histoire et fonctions du cadre au Canada

En octobre 2014, s’est tenue pour la première fois au Canada une rencontre scientifique sur l’encadrement. Le Musée des beaux-arts de Montréal a invité 16 intervenants (restaurateurs, conservateurs, chercheurs, encadreur et galeriste) à venir partager leur expérience et leurs connaissances.

Participants à la conférence
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La section Restauration du site est financée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec dans le contexte de la mise en œuvre de la mesure 41 du Plan culturel numérique du Québec et par la Ville de Montréal dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal.

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