Golub est l'un des maîtres du réalisme politique, l'un des rares peintres américains de sa génération à s'être tenu à l'écart de l'abstraction. Au confluent de sources artistiques complexes, sa sensibilité se forge lors d'un long séjour en Italie, où il découvre l'art hellénistique, étrusque et romain. Installé à Paris de 1959 à 1964, il expose avec les artistes de la Nouvelle Figuration. Ce mouvement veut être une troisième voie par rapport à l'abstraction et au Nouveau Réalisme; il prône notamment une mise au jour critique de la condition contemporaine. Golub propose une vision sombre de la violence du pouvoir qu'il qualifie de « réalisme brutal ». Il s'engage définitivement dans l'actualité politique avec la série « Napalm », qui évoque les horreurs de la guerre du Viêtnam. Suivent des séries consacrées à l'univers des mercenaires, des forces paramilitaires, des interrogatoires. Le critique Donald Kuspit décrit l'artiste comme « le Jacques-Louis David de l'empire américain réactionnaire, montrant celui-ci qui défend ses avant-postes avec l'aide de mercenaires, [...] qui agit sur la vie de toute la planète ». Caractéristique de la série homonyne, cette toile au fond rouge oxydé s'inspire des murales de Pompéi. Golub donne une dimension héroïque à une scène qui ne l'est pas, celle de mercenaires se délassant. Comme il l'explique à leur propos « ce sont peut-être des brutes, mais [...] ils ne sont pas si différents de tous les autres [...] ils font partie d'un système de domination et de contrôle ».
© © Succession Leon Golub / VAGA, New York / SOCAN (2021)