La tendance à l’éclectisme de Brooker le conduit à explorer aussi bien le réalisme que le cubisme, le symbolisme et l’abstraction, dont il est un des pionniers au Canada. Dans Solitaire, le sujet devient prétexte à l’étude des valeurs plastiques, à leur harmonisation dans l’espace fictif du tableau. Les formes géométriques inspirées du cubisme définissent l’espace urbain autant que le costume du personnage ou la carrure de son visage. Les tons sombres et l’éclairage artificiel produisent, à la manière du clair-obscur, un effet dramatique. Le tableau, daté de 1939, n’est pas sans rappeler les figures de chômeurs peintes par d’autres artistes canadiens, mais ici, le regard « masqué » du solitaire confère à la scène une étrangeté presque menaçante.