Constantin Meunier est un des artistes les plus appréciés du mouvement dit naturaliste, qui illustre la vie paysanne et ouvrière. Si le titre de l’œuvre évoque le roman de Victor Hugo, il s’agit d’un sujet totalement original : profitant de la marée basse, les travailleurs et leurs solides chevaux apportent des fagots de bois tressés pour réparer les brise-lames qui retiennent le sable des plages. Cette activité du littoral belge – les polders – devient ici un fragment d’épopée de la vie rurale, la lutte héroïque des gens contre les éléments pour assurer leur survie. À ce propos, l’écrivain belge Émile Verhaeren écrivit : « un bas-relief très simple, mais de très grande allure […] fait quotidien, action banale, grandis par une conception épique. » Le puissant réalisme social de l’artiste est ici adouci par les sinuosités marines illustrant davantage l’esprit art nouveau.