Originaire de Suisse, Vallotton s’ouvre à la modernité artistique à Paris. Il intègre le cercle des artistes nabis en rejoignant les membres fondateurs, dont Vuillard. Son caractère réservé lui vaut le surnom de « Nabi étranger ». Le ton mordant de ses peintures intimistes de la vie bourgeoise et ses gravures sur bois lui apportent une notoriété internationale. Vallotton noue avec Vuillard une amitié durable doublée d’une complicité artistique. Ils découvrent à deux l’étude du paysage. Kodak portatif et carnet de croquis en poche, ils arpentent la campagne avant de composer en atelier la toile définitive. En 1902, Vallotton le rejoint sur la côte normande, dans une villa dont le parc s’étend jusqu’au bord de la falaise qui jouxte la mer. C’est à cette occasion qu’il fait ce tableau, entre portrait et paysage. Le visage se perd dans l’ombre de la visière, pourtant, pas de doute, ces traits anguleux et cette barbe rousse, il s’agit bien de Vuillard. L’artiste fait corps avec la nature. Auréolé par le ciel océanique, il se dresse tel un arbre dans une noble et puissante attitude. Vuillard est représenté avec simplicité, dans un esprit de connivence et d’amitié, contrairement aux portraits contemporains de Vallotton, plutôt abstraits et distants.