Ce bicorne de l’empereur est, par sa provenance, unique en Amérique du Nord. Sur les cent soixante à cent soixante-dix chapeaux livrés à Napoléon du Consulat à la chute de l’Empire, seule une vingtaine authentifiée est conservée dans des collections privées ou publiques. Cet exemplaire est l’un des deux bicornes portés par l’empereur durant la Campagne de Russie. Le Musée de l’Armée à Paris possède l’autre. Ce chapeau se distingue par sa doublure garnie de soie, spécialement confectionnée pour affronter l’hiver russe.
Authentifié par un document manuscrit et présenté dans sa boîte en carton d’époque, il a d’abord été conservé par Jacques Dulud et son épouse Marie-Louise Vallerand, blanchisseurs pour la maison de l’empereur. Conforme aux modèles portés par ce dernier et commandés aux chapeliers Poupard et Delaunay, le chapeau de feutre mince est surmonté de deux pointes, et il est décoré d’une petite cocarde tricolore. Pour qu’on le reconnaisse aisément pendant les combats, Napoléon le porte « en bataille », les ailes parallèles aux épaules, tandis que ses officiers le coiffent dans l’autre sens, « en colonne ». Rapidement, le bicorne devient le principal symbole de l’empereur dans l’imaginaire collectif.