Karine Giboulo crée des mondes miniatures qui condensent une vision enfantine mais terrifiante de la réalité contemporaine. Enfermées dans des sphères de plastique transparent ou des plinthes bleu ciel, ses « bulles de vie », comme elle les appelle, présentent des visions miniaturisées pseudo-naïves de sujets d’actualité passionnants et graves : la consommation, la mondialisation, le nationalisme, les médias, l’environnement, l’alimentation, l’artificialité et les déchets. Giboulo a créé All You Can Eat après un séjour en Chine, où elle a visité les dortoirs-usines de Shenzhen. Situées ingénieusement à l’intérieur de trois plinthes et visibles sous plusieurs angles, ses scènes miniatures dépeignent de façon ludique mais avec une clarté limpide les rouages terrifiants de la chaîne alimentaire mondiale. De petites figures en argile polymère peinte représentent des travailleurs chinois, des porcs destinés à l’abattoir, des consommateurs américains avides, tous jouant leur propre rôle et vivant d’espoir, d’ignorance et de drame. Croyant, pour paraphraser Léon Bloy, que l’enfer est plus terrifiant vu à travers le chas d’une aiguille qu’à travers de vastes embrasures, Giboulo ouvre de petites fenêtres sur les mécanismes implacables et monstrueux du commerce mondial.