Cette édition exquise de La Vérité méconnue dite aussi Le miroir brisé appartient à une série de nus féminins sensuels que le sculpteur exécute dans les années 1890, à la fin de sa vie. Les formes plantureuses du modèle évoquent surtout Rubens, mais aussi Jordaens et les Flamands qui influencent l’artiste après son voyage en Flandres en 1875. Ce nu assis sur un rocher, se cachant le visage et pleurant est modelé d’après la femme de l’artiste, le chignon sur la nuque rappelant la coiffure de madame Dalou. Les œuvres de Dalou se distinguent par la finesse de leur exécution. Le modelé naturaliste est particulièrement soigné, mais sans jamais céder à la vulgarité, le classicisme des poses contribuant à l’ennoblissement des œuvres. Cette allégorie de la Vérité est peut-être en rapport avec l’épisode de l’affaire Dreyfus. L’assertion à l’effet que le modèle de cette sculpture ait été fait pour soutenir la famille du capitaine Dreyfus, injustement accusé de haute trahison en 1894 et réhabilité en 1906, n’est pas prouvée.