Ce tableau date d’une période où les toiles de l’artiste fauve — la plupart représentant des femmes sensuelles dans des tonalités vibrantes, avec de riches empâtements — connaissaient à Paris (où il s’était installé en 1889) un succès commercial assez grand pour lui permettre de voyager en Espagne et au Maroc. Le séjour méditerranéen de Van Dongen renouvela sa palette, qui s’imprégna de teintes saturées et harmonieuses. Les motifs décoratifs des tissus, qui occupaient toujours plus ses compositions, suscitaient fréquemment un étonnant assortiment de couleurs. Cette constante fidélité à la couleur comme force expressive dans ses tableaux éloignait l’ambitieux Van Dongen — tout comme Matisse — des cubistes, qui prenaient progressivement le haut du pavé, à l’avant-garde du monde de l’art parisien. Dans La Perruche, la forte présence du motif en diagonale d’un carrelage (ou d’une nappe) et les lignes verticales et horizontales de la cage à oiseaux, parallèlement au plan pictural, est inhabituelle, et peut-être unique dans l’œuvre de Van Dongen. Du grillage de la cage, une vibrante tache de couleur « fauve » surgit alors que l’oiseau passe la tête en dehors du réseau de lignes où il est enfermé, et les doux replis du tissu bleu et blanc à l’arrière-plan le mettent en valeur.
© Succession Kees Van Dongen / SOCAN (2021)