De plus en plus, à la fin de sa vie, Manet l’impressionniste est malade. Il délaisse la peinture à l’huile pour le pastel, plus rapide et moins fatigant. Il aime s’entourer de jolies femmes, demi-mondaines et femmes de mode, égayé autant par leur conversation que par leur coquetterie.
Sur les quatre-vingt-huit pastels répertoriés, plus de soixante-dix sont des portraits de femme en buste ou à mi-corps : autant de femmes-fleurs dont il esquisse rapidement les traits, dans leur corolle de dentelle, de rubans et de bibis fleuris. Le fond souvent neutre, généralement gris perle, rehausse l’éclat de leur teint de rose.
Chez Méry Laurent, une galante beauté entichée de mode, amour et amie d’artistes, de Mallarmé à Manet, muse en poésie et en peinture, il exécute ce portrait d’une jeune couturière qui travaille à la journée. Si parfois il cède à une joliesse un peu facile, ce qui lui vaut d’être recherché par ses modèles enchantés, ici pas de chic parisien, nul artifice : seulement le sage ruban noir et la simple collerette en tulle, le châtain mordoré de la chevelure et la carnation délicatement sanguine, l’expression mélancolique et rêveuse d’une jeune fille modeste.