Chez Heriot, le continent nord-américain, évoqué par de vastes étendues boisées au loin, est perçu en dehors du chaos pour se vivre à travers son évocation poétique. L’aquarelle dans la collection du Musée en résume tous les archétypes alors que la culture britannique, par le biais de la théorie du pittoresque, vient se calquer sur la nature sauvage pour l’effacer, transformant une rivière impétueuse et difficilement praticable en un cours d’eau d’agrément pour amateurs de paysages sensibles. En cette fin du XVIIIe siècle, Heriot croit sincèrement que sa perception est universelle et que ses certitudes d’homme moderne et cultivé lui permettent de comprendre et d’éloigner une nature trop désordonnée qui brouille tous les repères. Pour Heriot comme pour Lock et Hind, le territoire nord-américain est un théâtre où courir l’aventure. Il est suffisamment différent de leur quotidien pour que le voyageur en chambre souhaite confronter l’imaginaire de ses lectures à l’aventure de vastes espaces.