De son vivant, Paul Delaroche jouissait d’une gloire égale à celle de son contemporain Eugène Delacroix. À trente-cinq ans, il est élu à l’Institut de France, dont il devient le plus jeune membre et le premier artiste romantique. Quand il ne voyage pas, il séjourne à Nice où il retrouve un cercle d’amis, dont la princesse de Beauvau-Craon. Cette aristocrate d’origine polonaise joue avec sa sœur Delphine un rôle important dans la vie intellectuelle et mondaine de Paris. Toutes deux se passionnent pour la littérature, la musique (elles sont très liées à Chopin) et la peinture. Par amitié, Delaroche exécute leurs portraits ovales (celui de Delphine fait partie d’une collection particulière en Grande-Bretagne). La mélancolie poétique, quelque peu alanguie, de la princesse est exemplaire du romantisme. Par son cadre de roses entremêlées et la sentimentalité de la pose, ce tableau s’insère dans le corpus limité et remarquable des portraits de Delaroche.