La liberté du regard de Basquiat guide son geste pictural : provocant, violent, néo-expressionniste. Qualifié aussi de « bad painting » (mauvaise peinture), à l’instar des peintures tardives de Picasso, l’œuvre de Basquiat réhabilite la figuration, l’expression subjective et la narration. Comme Picasso, l’artiste américain conserve un intérêt pour l’art africain : « Picasso est venu à l’Art primitif pour redonner ses lettres de noblesse à l’Art Occidental et moi je suis venu à Picasso pour donner ses lettres de noblesse à l’Art dit primitif ». Ici, Basquiat montre le schéma d'une dentition comme s’il s’agissait de galets sur la plage de son paysage marin. Les bords déchirés et superposés du papier constituent d’élégantes transgressions. Un examen attentif de la surface permet de découvrir un morceau de kleenex collé sur la feuille et même la tête brisée d’un clou. Ce brillant collage témoigne du sens de la couleur – l’usage parcimonieux d’un rouge foncé et les taches voyantes des différents tons de bleu – et de la grâce un peu gauche avec laquelle l’artiste pouvait construire une peinture.