Harpignies chevauche la peinture de paysage officielle, celle de Barbizon, et la peinture de paysage repensée, celle des impressionnistes. Il trouve ses sujets dans les forêts tant aimées de Corot et des peintres de Barbizon. Harpignies ne puise pas au seul répertoire de ses contemporains, il se réclame aussi de la tradition classique. Il aspire à une évocation formelle, hautement artificielle et sentimentale des phénomènes naturels qui trouve ses origines dans la tradition française du paysage instaurée par Le Lorrain. Dans les années 1860, il adopte cependant une touche plus large et une palette privilégiant les contrastes de couleurs et de tons.
Ce Clair de lune est un témoignage éloquent de sa capacité à synthétiser divers courants de la peinture de paysage. La composition est typique de la manière adoptée par Harpignies dans les années 1870, qu’il conservera jusqu’à la fin de sa vie. Elle atteste son intérêt pour les contrastes de lumières et d’ombres, notamment les clairs-obscurs. À la différence des œuvres de la première période, où la touche est lisse, ici les empâtements posés au couteau évoquent une « impression » générale plutôt que la précision.