Lehmbruck s’établit à Paris de 1910 à 1914 avant de retourner dans son pays où il décède prématurément. Les jeunes sculpteurs tentent d’oublier Rodin en revenant à la statuaire antique et à des volumes simplifiés, solides et mesurés. Cette Baigneuse réfère au classicisme de la Vénus pudique gréco-romaine qui, surprise, cache chastement sa nudité. Si Maillol influence Lehmbruck, celui-ci trouve son propre style dans l’élongation élégante des formes qualifiées de « gothiques », adoucies par le sfumato des surfaces lissées. L’utilisation originale de ciment, ou « pierre artificielle », s’explique par le voisinage d’artistes émigrés à Montparnasse, comme Brancusi ou Archipenko. Par pragmatisme économique, ce matériau moins dispendieux que le marbre et le bronze, mais plus solide que le plâtre et la terre cuite, permettait des éditions bon marché tout en imposant une esthétique moderne.