La pratique du thé est introduite à la cour et dans les milieux lettrés sous les Tang (618-906). Associée aux croyances bouddhiste et taoïste, cette pratique prend une signification quasi mystique. Les bols les plus recherchés proviennent des ateliers méridionaux; à l’époque des Song du Sud, les plus prisés sont ceux produits dans la province de Fujian. Ce bol conique sur pied droit est typique de ces céramiques. L’épaisse couverte lustrée, qui forme des coulures le long des parois pour perler juste au-dessus du pied laissé à nu, est typique de la couverte dite « fourrure de lièvre ». Ce type de bol à thé était grandement apprécié des adeptes de la cérémonie du thé au Japon, où l’on donne à ces céramiques le nom de temmoku (d’après un complexe de monastères bouddhistes sur le mont Tianmu au Zhejiang). Les moines zen et leurs disciples voient dans la simplicité rustique de l’objet et l’effet naturel, accidentel, de sa glaçure un reflet de leur propre philosophie. Quelques-uns des nombreux bols à thé exportés au Japon au cours des douzième et treizième siècles ont acquis un caractère presque sacré en raison de leur association à de célèbres maîtres de zen de la cérémonie du thé.