Ce peintre, théoricien et catholique, est à l’origine du groupe des Nabis. Ces « prophètes » de l’avant-garde artistique recherchent un nouvel art « synthétiste », idéaliste et anti-académique. Sur le chemin de cette quête, les œuvres de Gauguin l’enthousiasment : « Les déformations du dessin. L’aspect caricatural, les couleurs posées à plat, tout scandalise. Quel éblouissement d’abord, et ensuite quelle révélation ! », se souviendra-t-il. Ce tableau appartient à cette époque charnière. Comme souvent, il est peint sur un panneau de récupération. Composé de couleurs posées en aplat et de formes entières, presque abstraites, il est exemplaire de la première manière très expérimentale et nabie pratiquée par Denis à vingt ans, quand il professe sa célèbre définition : « Se rappeler qu’un tableau – avant d’être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »