Née dans une famille d'artistes – son père, Tony Smith, est peintre, sculpteur et architecte, et sa mère, Jane Smith, cantatrice et comédienne –, Kiki Smith débute sa carrière au sein de Collaborative Projects (Colab), collectif d'artistes américains engagés socialement, et se fait d'abord connaître dans le milieu alternatif en exposant notamment à The Kitchen et P.S.1, à New York. Sa capacité à renouveler les formes traditionnelles de l'art par une vision originale et marquante du corps humain et de la féminité, jointe à une sensibilité attentive aux matériaux, l'ont imposée, au début des années 1990, comme l'une des artistes américaines les plus importantes de sa génération.
Réalisées en 1998, soit deux ans après que Smith a délaissé la représentation directe du corps pour en explorer les métaphores et résonances cosmologiques, ces Lunes rouges sont la troisième et la plus imposante des pièces consacrées par l'artiste au motif de la lune. Conjuguant la monumentalité traditionnelle du triptyque avec la fragilité du verre, Smith célèbre les noces fluides du cosmos et du corps, ces lunes de sang symbolisant l'alliance imaginaire et immémoriale du corps féminin et de l'ordre cosmique.