Les portraits maniéristes italiens, qui font souvent allusion au processus même de création artistique, se complaisent dans l’artifice. Dans celui-ci, un banquier romain pointe avec sa large main non gantée l’image ostensible d’une sculpture dans un paysage orageux. Les mérites de la peinture en regard de celles de la sculpture faisaient l’objet de vifs débats durant cette période, où l’on a aussi commencé à s’intéresser à l’idée voulant que la personnalité détermine le style ou la « manière » artistique (maniera, en italien, du mot mano, signifiant « main »). Un public éclairé aurait vu dans ce portrait un hommage au modèle, ainsi qu’un commentaire sur le pouvoir de la « main » du peintre, dans sa capacité à transformer les personnes, les lieux et les objets, y compris les sculptures, en images bidimensionnelles.