Martini se situe au carrefour du symbolisme, de la pittura metafisica italienne et du surréalisme. Ses œuvres, avec celles de De Chirico, sont « proto-surréalistes ». Dans ses images grotesques et dramatiques, Martini manifeste une sensibilité de visionnaire et un penchant pour l’érotisme macabre. Dans son atelier parisien, il reçoit de nombreuses personnalités. Breton l’invite à intégrer le groupe surréaliste, ce que l’artiste refuse par désir d’indépendance et de solitude. Il connaît pourtant Picabia, Ernst, Magritte et Miró. Martini invente une « manière noire » caractéristique de ces recherches originales, « téléplastiques » et « psychoplastiques », effectuées dans un état d’abandon et d’intensité créatrice, qu’il rapproche lui-même de l’hypnose et de la voyance. Cet autoportrait possède une charge hallucinatoire comparable aux expérimentations parallèles menées par la photographie surréaliste : il s’agit presque d’un portrait « radiographié ». Le caractère d’étrangeté dépeint l’âme de l’artiste, sa perception d'un moi, un moi obsédé de fantasmes érotiques où s’exaltent les sens visuel et tactile et où s’expriment des pulsions voyeuristes, voire meurtrières.