Avec la série des hiboux, présentée à la Galerie Maeght en 1970, Riopelle renoue pour de bon avec la figuration. À défaut d'être reconnaissable comme motif, le hibou se retrouve dans le titre de cet Hommage à Grey Owl : référence à Grey Owl, de son vrai nom Archibald Stansfield Belaney, aventurier-écrivain d'origine anglaise parti vivre « à l'indienne » dans les forêts canadiennes. Richement illustrés, les livres de Grey Owl, tels que « Tales of an Empty Cabin (Récits de la cabane abandonnée) », décrivent un monde d'aventures peuplé de trappeurs, d'Indiens et d'animaux sauvages. Riopelle sera un lecteur assidu de Grey Owl, auquel il s'identifie très probablement. N'ont-ils pas le même animal totem, le hibou ? Ne sont-ils pas tous deux « trappeurs » ? Nombre d'auteurs ont ainsi qualifié Riopelle, à la suite de l'image, forgée par André Breton, du « trappeur supérieur ». Il est également possible que ce tableau, qui fut aussi intitulé L'Étang, soit la transposition d'une scène d'un livre. On est porté à lire, dans la forme hiéroglyphique au bas de l'œuvre, la représentation d'une cabane de bois rond auprès d'un étang, sous un grand arbre.
© Succession Jean Paul Riopelle / SOCAN (2021)