Vuillard mène une existence en apparence sans histoires. Il fait partie du premier groupe des Nabis ou « prophètes », jeune avant-garde qui se réclame de Gauguin. Il exécute de nombreux tableaux représentant des intérieurs bourgeois, où les personnages se fondent dans l’espace. Cette femme représente sa sœur Marie, esseulée dans l’appartement familial. Un voile de tristesse renforce le mystère, où la protagoniste sort progressivement d’une obscurité totale, à peine perturbée par quelques notations de couleurs : la robe claire chinée, le rideau rouge, un tronc d’arbre stylisé. Dans ce tableau touchant, Vuillard se rapproche du climat symboliste. On sait par ailleurs que ses décors de théâtre jouaient aussi sur l’émergence des figures au sein d’un décor plongé au départ dans une totale obscurité.