Édouard Vuillard mène une existence en apparence sans histoire. Il fait partie du premier groupe des nabis, ou « prophètes », une jeune avant-garde de disciples de Paul Gauguin. Il exécute de nombreux tableaux représentant des intérieurs bourgeois, où les personnages se fondent dans l’espace. Cette femme représente sa sœur Marie, esseulée dans l’appartement familial. Un voile de tristesse renforce le mystère, la protagoniste sortant progressivement d’une obscurité totale, à peine perturbée par quelques notes de couleur : la robe claire chinée, le rideau rouge, un tronc d’arbre stylisé. Dans ce tableau touchant, Vuillard se rapproche du climat symboliste. On sait par ailleurs que ses décors de théâtre jouaient aussi sur l’émergence des figures au sein d’un décor plongé au départ dans une totale obscurité.