Dans la mythologie grecque, Hébé, personnification de la jeunesse, est aussi l’échanson des dieux. C'est la fille de Junon et de Jupiter ici métamorphosé en aigle. Assise entre ses ailes, elle lui tend le nectar divin d’une main, tenant de l’autre une œnochoé (cruche pour le vin) dans un geste gracieux. Artiste prolifique, Carrier-Belleuse est un des sculpteurs et décorateurs français les plus importants. À mi-chemin entre l’orfèvrerie et la sculpture, la composition en spirale de cette œuvre témoigne du goût de l’époque pour l’art de la Renaissance, pour l’œuvre de Cellini et ses beautés graciles au long cou et aux chevelures savamment tressées. Par contre, le drapé est plutôt néobaroque et l’œnochoé antiquisante. Les références historiques se croisent donc dans un jeu qu’affectionne le style Second Empire. Le travail de reprise en ciselure est ici exceptionnel : renforçant le contraste entre les membres souples et juvéniles de la déesse et le corps massif et puissant de l’aigle, la surface devient tantôt chatoyante, tantôt rugueuse.