L’animation produite par le mouvement des chevaux, des jockeys et des spectateurs sur ce champ de courses d’Angleterre, est saisie en lignes calligraphiques. Ces descriptions hautement condensées, tout comme les plages de couleur, rappellent les innovations stylistiques influencées par l’apparition marquante de Dufy sur la scène des arts décoratifs, en particulier ses créations de tissus pour le célèbre designer de mode français Paul Poiret. Un examen attentif montre que les chevaux sont détourés en un brun rehaussé de lavis orangés, blancs ou violets. L’un des jockeys est esquissé d’un seul coup de pinceau oblique, tandis que d’autres reçoivent plus d’attention pour leurs costumes multicolores, avec des manches peintes en couleurs contrastant avec le fond de leurs casaques et de leurs jodhpurs. D’élégants spectateurs arborent des chapeaux haut-de-forme ou de longs vêtements également délinéés en noir ou en brun et emplis d’un seul brossage vertical de rose, de bleu ou de blanc.
Dufy dépeint cet avant ou après course comme un moment de détente plutôt que d’attente, atmosphère donnée dès l’abord par le caractère informel de la vaste et vibrante étendue du champ de courses vert, en fond d’une scène baignée de soleil. L’absence d’une quelconque marque de retouche ou de difficulté dans le trait expressif de Dufy, qui démontre rapidité, facilité et vitalité, ajoute à l’ambiance joyeuse.