L'œil dans la bouche

Dès son plus jeune âge, Rebeyrolle est atteint d'une tuberculose osseuse qui le force à être immobilisé durant de longues périodes. Il passe son temps à dessiner et ce sont ses parents instituteurs qui lui apprennent à lire et à écrire. Après son baccalauréat de philosophie, il monte en octobre 1944 à Paris par « le premier train de la Libération ». Il y découvre les œuvres de ses contemporains Soutine et Picasso, mais aussi, de Rubens et Rembrandt. Jusqu'à sa mort, il décline sans relâche les leçons apprises durant ces années marquantes.


Cette sculpture fait écho à la série de peintures « Au royaume des aveugles », qu’il réalise en 1987. Par sa facture brute et sa représentation de la figure humaine sans attributs distinctifs, Rebeyrolle lui confère la même dimension universelle qu'à ses tableaux. Elle représente un buste d’homme, coupé à hauteur d’épaules. De cette ronde bosse se dégage aussi un bras droit. Dans le creux de sa main, l'homme tient un globe oculaire qu’il met dans sa bouche – action paradoxale puisqu’elle le prive du sens de la vue. Cette œuvre est une forme d’allégorie de l’aveuglement volontaire, emblématique des préoccupations d'éveil des consciences de Rebeyrolle.