Dès son plus jeune âge, Rebeyrolle est atteint d'une tuberculose osseuse qui le force à être immobilisé durant de longues périodes. Il passe son temps à dessiner et ce sont ses parents instituteurs qui lui apprennent à lire et à écrire. Après son baccalauréat de philosophie, il monte en octobre 1944 à Paris par « le premier train de la Libération ». Il y découvre les œuvres de ses contemporains Soutine et Picasso, mais aussi, de Rubens et Rembrandt. Jusqu'à sa mort, il décline sans relâche les leçons apprises durant ces années marquantes.
Le tableau Évidemment appartient à la série « Au royaume des aveugles ». Il témoigne bien de cette âpre vision du monde qui caractérise les œuvres de Rebeyrolle. Ici, un personnage exhibe une bouche béante de laquelle, on imagine, sort un cri de douleur. Ses mains encadrent la naissance de ses orbites noires et vides. Face à lui sur la table, ses globes oculaires le regardent. Par cette allégorie de l'aveuglement des hommes, Rebeyrolle veut éveiller les consciences.
© Succession Paul Rebeyrolle / SOCAN (2021)