L’influence de ce peintre provençal sur le jeune Cézanne et sur Van Gogh est bien connue. Son répertoire – de paysages oniriques peuplés d’élégantes figures vêtues à la mode rocaille ou de personnages exotiques de contrées lointaines – participe du double phénomène de l’orientalisme et du néobaroque dans les beaux-arts et les arts décoratifs sous le Second Empire. Le style audacieux du peintre, aux couleurs pures souvent posées au couteau, n’a pas de parallèle évident chez les peintres traditionnels ou les artistes avant-gardistes de sa génération. L’oeuvre témoigne des recherches incessantes sur le rapport d’unicité qu’entretiennent la forme et la lumière et s’oppose à la démarche impressionniste qui privilégie la décomposition de la forme sous l’effet fugitif de la lumière.
L’artiste reprend ici la palette de jaune, orangé et ocre de ses paysages des environs de Paris réalisés avant la guerre franco-prussienne de 1870. La plupart des spécialistes s’entendent pour attribuer son style particulier à l’isolement relatif de sa Marseille natale, où il fait carrière. L'emplacement de la ruine de cet ancien fort n’est pas identifié. Il est plaisant de croire qu’il puisse s’agir du fortin de Corbières où se trouve aujourd’hui la fondation Monticelli.