La Provence, comme avant-goût de l’Italie, a toujours attiré les poètes, les peintres et les écrivains qui, séduits par son climat, célèbrent la lumière de cette région. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le paysage méditerranéen préservé et sauvage est une Arcadie nouvelle pour les artistes désireux d’explorer autant le territoire que leur imaginaire. En ce sens, la conception du paysage d’Henri-Joseph Harpignies diffère de celle de ses contemporains en ce qu’elle souligne davantage les aspects immuables que les aspects momentanés de la nature. À l’invitation des élèves de son atelier parisien, Harpignies descend dans le Midi pour s’éloigner de la grisaille de l’Île-de-France, ou bien il prend le chemin de l’Italie, dont les paysages lui valent plusieurs prix et médailles au Salon de Paris. Dans la présente œuvre, la structure des arbres domine, tandis que le paysage de la mer et de la montagne n’est suggéré que pour traduire l’atmosphère générale. Cette toile empreinte de naturalisme annonce en germe les dernières œuvres du maître, caractérisées par la luminosité fraîche qu’il acquiert au contact de ses jeunes collègues et à la suite de ses expérimentations avec l’aquarelle.