Ce pannelet est une recherche de libre facture pour un grand tableau, Nymphes et dryades ou Printemps dans la forêt, réalisé près de la mare aux Canes dans la forêt de Saint-Germain, non loin de Paris. Cet endroit était un lieu aimé du peintre qui y venait cueillir les anémones blanches et les jacinthes bleues au printemps. Cette jeune fille en fleur incarne le réveil de la nature, la promesse d’une floraison à venir. Avec sa robe intemporelle et immaculée, elle symbolise une idée de pureté chère à l’artiste. En France et en Allemagne, l’arrivée du printemps était symbolisée depuis les temps immémoriaux par une jeune fille vêtue de blanc, la « rose de mai ». Le thème réfère autant aux traditions iconographiques antiques et païennes, très en vogue avec le courant symboliste (voir la Baigneuse d'Henner ici), qu’au catholicisme avec la parabole évangélique des vierges sages. Cette jeune fille purifiée dans l’attente de l’amour, dont la présence recueillie et solennelle anime les bois sacrés, fut souvent peinte en hommage à son épouse Marthe. Caractéristique du renouveau classique chez Denis, entre 1898 à 1918, face à l’impasse du modèle académique d’atelier, canon éculé et corseté, symbole d’une société urbaine donc viciée, l’artiste veut tendre avec une certaine nostalgie vers un état proche d’une humanité originelle non souillée, en harmonie avec une nature édénique ou virgilienne, dans une égale communion panthéiste.