Cette œuvre de Joanne Tod offre une vue partielle de la fameuse sculpture néoclassique du Vénitien Antonio Canova, Les trois Grâces (1813-1816), dans son décor palatial russe, aujourd’hui le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Il s’agit peut-être de l’une des œuvres les plus connues et reproduites du répertoire de la sculpture occidentale. Elle incarne la conception du beau idéal classique et immaculé, sur le modèle de l’antiquité gréco-romaine, qui s’impose dans les canons académiques occidentaux au dix-neuvième siècle. La composition tronque ici délibérément le célèbre groupe, décapité comme sous l’effet d’un cadrage photographique. Ce faisant, Tod s’interroge sur l’esthétique et son historicité, sur les rapports entre le beau et le pouvoir et le rôle des musées dans la reproduction des canons du goût.