La poésie d’Arp et l’importance qu’il accorde à la nature abstraite de l’art – lignes, surfaces, formes et couleurs – reflètent son époque. Membre fondateur du mouvement Dada, insistant sur la spontanéité et le hasard de la création, Arp écrit : « désintéressés des abattoirs de la [Première] guerre mondiale, nous nous adonnions aux Beaux-Arts. [...] Nous cherchions un art élémentaire qui devait, pensions-nous, sauver les hommes de la folie furieuse de ces temps. Nous aspirions à un ordre nouveau qui pût rétablir l’équilibre entre le ciel et l’enfer. » Ce n’est qu’en 1930 qu’il se met à la sculpture en ronde bosse (autour de laquelle on peut tourner). L’esprit dada continuera d’alimenter l’ensemble de son oeuvre. Il explore l’origine des formes et défend l’art « concret » porteur d’une dimension sociale : « L’art concret est un art élémentaire, naturel, sain, qui fait pousser dans la tête et le cœur les étoiles de la paix, de l’amour et de la poésie. » Avec leurs formes biomorphiques et sinueuses, bon nombre des sculptures d’Arp semblent défier la gravité, en plus de suggérer le mouvement.
© Succession Hans (Jean) Arp / SOCAN (2021)