Fils d’un ébéniste, George Romney part de son Lancashire natal en 1762 pour s’établir à Londres, où il devient un portraitiste de premier plan. Dans ses carnets de dessins et ses feuilles plus tardives, pleines de verve et d’audace, il laisse libre cours à son imagination. Dans les années 1790, alors qu’il souffre d’une vision diminuée et qu’il subit une série de légères attaques apoplectiques, l’artiste, déjà solitaire de nature, se retire encore plus du monde. Il exécute les études à la mine de plomb, rapides et intenses, inspirées du Paradis perdu de Milton. Le 4 février 1792, il écrit à John Flaxman : « J’ai réalisé, et je continue de réaliser, des dessins inspirés de Milton; j’envisage d’en exécuter plusieurs avant d’entreprendre de les porter sur la toile, mais c’est un secret. » Il poursuit son projet durant l’été et l’année suivante. Les vers que l’œuvre illustre sont peut-être tirés du Livre I, quand le poète décrit Satan : « […] son pesant bouclier, de trempe éthérée, massif, large et rond, était rejeté derrière lui; la large circonférence pendait à ses épaules, comme la Lune…»