Connu pour ses tableaux de cabinet, Poelenburgh exécute des paysages arcadiens peuplés de personnages bibliques ou mythologiques sur bois ou sur cuivre, avec pour arrière-plan des ruines ou des grottes baignées de lumière. Il appartient à la première génération de peintres hollandais italianisants qui doivent leur renommée à des œuvres d’un facture soignée, remarquables par la finesse d’exécution et l’harmonie des couleurs. Tiré d’un récit biblique (Genèse 19, 30-38), ce tableau montre Loth et ses filles dans une caverne où ils se sont réfugiés : les filles enivrent leur père afin qu’il commette un double inceste pour perpétuer leur peuple. Conformément à la tradition iconographique, l’artiste a représenté au loin la femme de Loth changée en statue de sel après s’être retournée pour regarder brûler les villes de Sodome et Gomorrhe. Le clair-obscur joue ici d’une grande efficacité, accentuant la nudité porcelainée et sensuelle de la fille de Loth occupant le premier plan de la composition. Si la représentation de la lumière à l’entrée d’une caverne et dans les arches naturelles renvoie à la période italienne de Poelenburgh, ces toiles se caractérisent par ces effets de lumière datent des années qui suivent son retour à Utrecht.