Préférant l’école de la rue aux académies, Jean-Joseph Marie Carriès puise aux sources de la Cour des Miracles, quartier défavorisé qui abrite son premier atelier de misère. L’artiste est inspiré par la littérature entre le romantisme des gueux gothiques de Victor Hugo et le naturalisme des exclus du monde moderne d’Émile Zola. Dans la mouvance du symbolisme, le motif de la tête coupée, qui rappelle le sacrifice de martyrs comme saint Jean-Baptiste, hante Carriès. La figure du saltimbanque, du bouffon, de l’arlequin, du Pierrot et du clown est un double traité sur le mode de l’ironie douloureuse. Après sa découverte des grès japonais à l’Exposition universelle de 1878, Carriès se passionne pour ce « mâle de la porcelaine » qui a la dureté de la pierre. Ce pionnier figure comme la symbiose de l’artiste-artisan, idéal de la nouvelle modernité.