Cette sage jeune femme porte dans ses bras un pélican qui se perce le ventre afin de nourrir sa progéniture affamée : c'est une allégorie de la Bonté pieuse, respectant une tradition iconographique très ancienne. On reconnaît le portrait de Marie-Antoinette, épouse du roi de France Louis XVI. L’association de cette vertu morale à la reine ne doit rien au hasard. En 1785, la reine voit sa popularité ébranlée par la rumeur sur ses dépenses personnelles avec la sombre affaire dite « du collier ». Pourtant innocente, elle est éclaboussée par le scandale. Elle ne regagnera jamais l’affection populaire durant ces années précédant la Révolution qui la conduira vers la guillotine.
Élève du grand sculpteur Pajou, Dardel expose cette sculpture en 1786 au Salon de la Correspondance. Cette manifestation parisienne annuelle est organisée en marge du Salon du Louvre afin de permettre aux artistes ne faisant pas partie de l’Académie royale – l’organe officiel pour obtenir des commandes – de présenter leur travail au public. Dardel s’implique avec passion dans la Révolution, soutenant l’abolition de la monarchie en France puis la condamnation de la reine à laquelle il rendait hommage quelques années auparavant...