Cordier entreprend des voyages en Afrique du Nord pour étudier les différents types d’indigènes. Doué d’un grand talent d’observation, il devient sculpteur ethnographe. Si ses premiers bustes anthropologiques – ceux des Chinois, par exemple – représentent des hommes et des femmes qu’il a vus à Paris, Cordier se rend plus tard en Algérie, en Italie, en Grèce et en Égypte à la rencontre de ses modèles. Il met aussi au point une argenture oxydée, probablement électrolytique, afin d’évoquer la peau sombre des Africains. Cette patine est employée aussi bien pour les bustes grandeur nature que pour les réductions.
Lors d’un voyage en Égypte en 1866, Cordier réalise le modèle en plâtre de la Jeune Abyssinienne esclave. Ce portrait ethnographique est en fait une « tête d’expression », par laquelle l’artiste a le souci d’exprimer un état affectif, en l’occurrence la tristesse. Les larmes ajoutant un élément de mystère et d’émotion, le buste de la Jeune Abyssinienne esclave relève davantage du portrait psychologique que du type ethnographique au sens strict; il est unique dans l’œuvre du sculpteur.