Quand Jaïre, l’un des chefs de synagogue, prie Jésus de sauver sa fille, il répond : « Pourquoi ce tumulte et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte, mais elle dort ». Il ajoute : « Talitha cumi » (mal orthographié sur le cadre original), qui signifie « Fillette, je te le dis, lève-toi ». Dans l’alcôve étouffante, le miracle se produit : les paupières de la morte remuent, ses joues rosissent, tandis que la pâleur cadavérique de son corps et le détail macabre de la mouche posée sur son bras rappellent l’outre-tombe. La palme et la couronne de roses sont les symboles imagés de la victoire sur la mort et de l’innocence de la Vierge. Le contraste entre l’ombre mystérieuse du Christ et la lumière divine qui auréole la ressuscitée confère un sens spirituel et dynamique à ce passage d’une nature à l’autre. Max, peintre et professeur réputé, formé dans les académies de Prague et de Vienne, renvoie à Rembrandt et au Caravage. Mêlant subtilement symbolisme et réalisme, l’œuvre conjugue le double penchant de l’artiste pour l’occultisme et le spiritisme, ainsi que pour les sciences de l’histoire naturelle. Présenté à l’Exposition universelle de Paris en 1878, ce tableau est perçu comme une tentative de renouveler la grande peinture religieuse, alors déclinante.