François-Guillaume Lahaise (1888-1969), de son pseudonyme Guy Delahaye, fait tôt la connaissance d’Ozias Leduc alors qu’à l’âge de dix ans il fréquente le chantier de l’église de Saint-Hilaire, où le peintre est en charge de la décoration murale. Leduc réalise un premier portrait de lui en 1911, après la parution de son premier recueil de poésie, Les Phases. La véhémence des critiques envers le poète est tout à l’opposé de l’hommage que lui rend le peintre. Poète exotiste, Delahaye soutient « l’universalisme et l’art pour l’art contre le chant du terroir des régionalistes ». En 1912, il fait paraître son deuxième recueil, « Mignonne, allons voir si la rose… » est sans épines, et Leduc entreprend ce second portrait à l’huile. Il s’agit pour le poète de répondre avec ironie à ses détracteurs, et pour l’artiste de donner une image plus élaborée et achevée du modèle. Sur l’arrière-plan monochrome aux reflets dorés, Leduc insère une figure féminine à peine visible, mais éloquente puisqu’elle représente Érato, la muse de la poésie.