Présentée pour la première fois au Pavillon de l’Afrique du Sud de la Biennale de Venise en 2017, Passage est une élégie du morcellement de l’identité africaine et des séquelles de l’esclavage. L’œuvre met le spectateur en présence de trois personnes portant des objets symboliques : un sceptre faisant allusion aux royaumes disparus, un fouet en référence à l’esclavage et une couverture basotho, témoignage de l’infiltration des pratiques occidentales dans les cultures africaines (ces couvertures, très répandues en Afrique du Sud et au royaume du Lesotho, ont été introduites sur le continent africain par les Britanniques au dix-neuvième siècle). Leurs vêtements rappellent ceux des esclaves au dix-neuvième siècle. Les protagonistes reposent sur le dos, au fond d’embarcations vues de haut. Ils esquissent une série de gestes tandis que l’eau monte autour d’eux, jusqu’à les submerger. L’œuvre fait allusion aux nombreuses personnes qui sont arrivées ou qui ont quitté l’Afrique du Sud comme autant de marchandises chargées sur un bateau, mais elle invite aussi le spectateur à réfléchir sur les conséquences de la migration forcée et de l’esclavage partout dans le monde.
Mohau Modisakeng est un artiste multidisciplinaire dont la pratique s’articule autour de l’identité sud-africaine dans l’après-apartheid et des questions sociopolitiques en général, y compris la migration forcée, le statut de nation et l’inégalité. Diplômé de la Michaelis School of Fine Art du Cap, il a reçu le prix Sasol New Signatures en 2011.