Saimaiyu Akesuk est la petite-fille de Latcholassie Akesuk (1919-2000), célèbre sculpteur de Cape Dorset. Encouragée par son amie Ningiukulu Teevee, l’une des lumières de l’art graphique de la communauté, elle vend un premier dessin à l’atelier de gravure de Cape Dorset – une composition s’inspirant d’un des oiseaux fantaisistes de son grand-père. L’art de Saimaiyu s’inscrit dans l’esprit de l’œuvre de Latcholassie. Ses dessins d’animaux colorés rappellent aussi ceux de Sheojuk Etidlooie (1929-1999) et Papiara Tukiki (née en 1942), deux graphistes chevronnées de Cape Dorset. Cela dit, Saimaiyu a su développer un style qui lui est propre.
Les dessins ludiques de Saimaiyu renoncent non seulement au réalisme, mais à la mise en page traditionnelle. Ses œuvres sont empreintes d’un sentiment de fantaisie et d’espièglerie d’enfant, sans allusion aucune à l’ironie ou à l’angoisse caractéristique des œuvres de beaucoup de ses pairs. Enseignante au primaire à Cape Dorset, Saimaiyu s’inspire de ses élèves (et de ses aînés) plutôt que de ses collègues artistes, dont bon nombre sont des vedettes de la scène d’art contemporain canadien.
Composition (Ours mauve) déborde littéralement d’énergie; l’animal semble sur le point de s’échapper du cadre de la feuille noire. Les lignes rayonnantes de couleurs vives explosent à la manière d’un feu d’artifice. Chose intéressante mais peut-être fortuite, le motif rappelle la célèbre estampe de Kenojuak Ashevak Le hibou enchanté (1960). L’œuvre est imprégnée d’une indéniable sensibilité du « début des années 1960 ». Malgré la modernité évidente de la palette et du motif, la forme de l’ours est d’une simplicité, d’une naïveté qui fait plaisir à voir.