Betsabeé Romero élabore un discours critique autour des thèmes de la migration, de la mémoire et de l’hybridité. Support récurrent dans son travail, le pneu occupe une double fonction symbolique, opposant la modernité et son rythme effréné à des éléments fondamentaux de la culture matérielle et de la pensée autochtone, soit le cercle et le temps cyclique. En roulant, le pneu devient un sceau qui transforme la rue en réceptacle d’une mémoire accumulée. S’inspirant de fusaïoles précolombiennes, l’artiste imagine le guerrier circonscrit et gravé dans le pneu comme un captif de la modernité. Par son œuvre, Romero voit le potentiel d’activer le métier de l’histoire pour tisser autrement la mémoire, notamment celle des peuples autochtones.