Après une résidence en photographie au Musée de l’Homme, à Paris, l’artiste néo-zélandaise d’origines maori et écossaise Fiona Pardington prend pour sujets de cette série des moulages anciens de têtes maories, réalisés au dix-neuvième siècle par le phrénologue Pierre-Marie Alexandre Dumoutier. Pseudoscience alors à la mode, la phrénologie soutenait que les capacités mentales et la personnalité d’un individu pouvaient être déterminées par la forme du crâne, et établissait des idéologies racistes totalement discréditées. Ces photographies font aussi référence à l’histoire coloniale anglaise de la Nouvelle-Zélande. Ce portrait représente Piuraki, le chef des Ngai Tahu, signataire du traité de Waitangi (1840) entre les Maoris et la Couronne britannique, qui a contesté la vente des terres ancestrales auprès des gouvernements coloniaux après avoir réalisé qu’elle s’avérait injuste. Par le truchement de ses images monumentales, Pardington se réapproprie l’esprit de Piuraki. Elle lui rend sa dignité et le magnifie en mettant en valeur ses tatouages traditionnels (Ta Moko), transformant ainsi l’objectification du moulage en hommage à son ancêtre direct.