Aimé-Jules Dalou se joint aux révolutionnaires en 1871, lors de la brève insurrection de la Commune de Paris, qui suit la chute du Second Empire. Il échappe à la condamnation en s’exilant en Angleterre, où il reste jusqu’à son amnistie, en 1879. Plus tard, il se voit confier l’exécution d’un monumental Triomphe de la République, inauguré à Paris en 1889. En constatant que les foules prolétaires sont écartées de la cérémonie, il a l’idée de concevoir un colossal Monument aux ouvriers de 32 mètres de hauteur (qui ne sera jamais réalisé), dont la base serait agrémentée de niches abritant différents types de travailleurs. C’est ainsi qu’il multiplie les études glorifiant le travail manuel, comme celle-ci, qui représente un paysan et qui a été découverte et fondue après sa mort. L’homme vigoureux et digne au visage buriné retrousse ses manches, s’apprêtant à labourer la terre nourricière. « L’avenir est là, c’est le culte appelé à remplacer les mythologies passées », écrit le sculpteur aux origines modestes.