Maillol étudie à l’École des beaux-arts de Paris pendant huit ans sous la direction des peintres académiques Cabanel et Gérôme. Son œuvre pictural se distancie toutefois rapidement des productions de ses professeurs. Sur les conseils de Gauguin, il rejoint en 1893 le mouvement post-impressionniste des nabis et se lie d’amitié avec Maurice Denis, chef de fil du groupe.
Dès 1895, Maillol se consacre à la sculpture, mais aussi à la tapisserie, avec la création, en 1897, d’un atelier dans sa ville natale. Une maladie des yeux le pousse à produire vers 1900 de petites figurines en bois et en argile qui seront à la base de ses statues monumentales de bronze ou de pierre.
Le corps est au cœur de l’œuvre du sculpteur avec des femmes nues, robustes et massives. L’artiste, influencé par les civilisations antiques (Grèce, Inde, Égypte), cherche à traduire dans la forme un idéal féminin qui rencontre certains échos dans les modèles de Gauguin ou les nus tardifs de Renoir.
Maillol produit un relief en terre cuite préparatoire à la Victoire. Ce bronze de facture classique est issu d’un tirage de six exemplaires réalisé par l’artiste avec la technique de la cire perdue chez le fondeur Claude Valsuani, à Paris. La pose introspective du modèle est caractéristique des recherches entreprises, en évoquant sa Douleur du monument aux morts de Céret. Cette œuvre, en opposition à l’art de Rodin, exprime un retour vers le classicisme en sculpture. Le drapé du modèle et la couronne de laurier (symbole de la victoire) sont une référence directe à l’art grec, ce que renforce le format rectangulaire de l’œuvre qui évoque la métope surmontant l’architrave des temples anciens.
© Succession Aristide Maillol / SOCAN (2021)