Cette sculpture dialogue avec la faculté de transformation : des fragments retirés d’objets de bois usinés ont tout d’abord été rassemblés, puis choisis, peints en noir au pistolet, assemblés, cloués ensemble et empilés. Les surfaces stratifiées et apparemment impénétrables qui en résultent jettent des ombres qui traversent le champ dans toute sa largeur.
Bien qu’elle présente une hauteur et une largeur imposantes — qui doivent peut-être au goût de l’artiste pour les pyramides antiques d’Oaxaca, de Mexico et du Yucatán, et pour les ruines et stèles mayas du Guatemala — sa profondeur est relativement mince. La perception frontale par le regardeur de la surface en relief est plus proche de celle d’un tableau que de celle d’une sculpture; un temps est nécessaire pour pénétrer l’environnement visuel enveloppant, parce qu’on est leurré dans son évaluation des sombres et secrètes ouvertures de la surface monochrome, ce qui fait pénétrer dans l’espace métaphysiquement. Les fonctions premières des objets disparates sont effacées par leur intégration dans cette œuvre dévorante — leur nouveau contexte — et par leur recouvrement en noir.
© Succession Louise Nevelson / SOCAN (2021)